Aussi, chaque matin, nous rendions visite a Mme Baozi pour lui acheter deux de ces delicieuses boules blanches fourrees, pour seulement 1 yuan. Nous revenions egalement chaque jour pour le sourire de cette vieille dame. Nous ne pouvions absolument pas communiquer, mais nous sentions qu’elle etait contente de nous voir et se rejouissait de nous vendre ses meilleurs Baozi et parfois meme de nous les offrir.
Tous les matins qu’il pleuve ou qu’il vente, madame Baozi etait a son post et toujours avec un large sourire. “Cette vieille dame regorge d’ energie et de joie de vivre” pensions nous. Elle nous proposait avec une gentillesse infinie de s’asseoir chez elle pour nous mettre au chaud. Faute de temps, nous declinions son offre a chaque fois
Puis un matin, nous avons voulu en savoir plus sur cette dame qui ponctuait toutes nos journees. Nous nous sommes donc arêtes et avons pris le temps de nous asseoir pour en savoir un peu plus sur madame Baozi.
L’accueil a assurement ete un des plus chaleureux. Cette fois, elle nous a offert un vrai repas : mais concasse, radis, tofu, chou et autres mets delicieux.
Madame Baozi, s’appelle en realite Maxin Qiao, elle appartient a la minorite des Hue. Elle est donc musulmane, ce qui explique qu’elle porte le voile et que l’on retrouve une image de la mecque des l’entrée de son magasin.
Cette dame de 60 ans etait agricultrice a Yin Shang, un village a 3 km de Niupeng. Elle nous explique que nous la voyions chaque jour depuis notre arrivee, mais qu’elle tient ce magasin a Niupeng seulement depuis 1 mois. Nous ressentons alors sa voix tremblee, elle commence a nous expliquer les difficultes qu’elle traverse en ce moment. C’est alors que le voile est tombe sur le sourire de madame Baozi.
Elle nous explique qu’elle a du venir s’installer a Niupeng pour faire un peu d’argent. En effet son fils a ete blesse deux fois et longe depuis un mois dans un lit d’hopital. Plus qu’une simple bagarre, c’est un vrai drame qui touche toute sa famille. A Yin Shang, seulement 8 familles sont un peu exclues et vivent dans la montagne. Des entrepreneurs ont decide d’installer une usine d’exploitation des roches de la montagne pour en faire de la poudre et fabriquer des briques. Ces 8 familles dont celle de madame Baozi se sont opposes a cette installation qui allait detruire tout leur environnement et lieu de vie. Malheureusement quelques discussions entre ces familles et les gens de l’usine ont mal tourne. Une bagarre a eclate. Son fils a ete severement blesse. Elle nous montre la veste qu’il portait le soir du drame. On y voit des traces de sang seche. Son fils en a pour au moins 3 mois d’hopital. Nous en avons deduit qu’il etait dans un coma profond, sans vraiment oser en demander plus sur sa situation. C’est alors que madame Baozi s’est mise a pleurer a chaudes larmes. Le gouvernement n’a rien fait pour l’aider, nous dit elle. La police a simplement juge que les malfaiteurs devaient lui verser 10 000 yuan pour payer les soins pendant les 3 mois d’hopital. Ce qui est bien sur insuffisant pour reparer la vraie blessure de madame Baozi. D'autant plus que le combat est perdu, dans quelques annees cette industrie verra le jour a Yin Shang. Desormais sa belle fille s’occupe seule des terres et ses enfants, ages seulement de 5 et 7 ans sont obliges de vivre a l'arriere du petit magasin de leur grand mere.
C’est un peu genes que nous continuons de lui poser quelques questions. D’autant plus que le sort semble s’acharner sur elle. En effet, son mari est aveugle et ne peut donc aider sa famille. Madame Baozi retourne le voir dans son village regulierement (tous les 10 jours), mais a ete obligee de le laisser seul pour ramener un peu d’argent. Elle loue le magasin ou elle vend ces delicieux baozi et autres sucreries et ne gagne qu’environ 15 yuan par jour, sans compter l’achat des bonbons et de la matiere premiere.
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