Devant la gare, une voiture est là, elle nous attend depuis 1h (les trains indiens sont toujours en retard !). Sous le regard ébahi d'une centaine d'indiens, nous montons à bord du véhicule.
A notre arrivée, un chai (thé indien) est déjà prêt, mais a une différence près, c'est qu'il a été préparé avec le lait de leur vache ou plutôt de leur buffalo. Dans cette petite ville, ou du moins dans notre rue, presque toutes les maisons ont une vache.
Le ventre absolument plein, nous sommes rentrés pour notre deuxième repas. En tant que bon français nous nous attendions a une table dressée avec toute la famille déjà assise à nous attendre... et bien non, non, non ! On nous a conviés à nous asseoir au bureau de la chambre où on nous a servi nos plats. Oui, en Inde, les invités sont considérés comme des dieux, ils mangent avant tout le monde. Même notre ami Ramu nous a regardés manger. C'est le ventre explosé que nous nous sommes finalement couchés.
Les conditions agricoles sont sensiblement identiques au Bihar. La aussi, la foret a
Nous avons rencontré un paysan sans-terre de la sous-caste des Dalits, pour qui la terre, qu'il ne possède pas, relève d'une importance toute particulière, en conséquence, il nous a garanti : "Si un jour on me donne de la terre, c'est sûr, j'en prendrais vraiment soin !". Pourtant, lui aussi, nous a avoué vouloir utiliser des engrais chimiques si on lui donnait des terres.Tous les paysans que nous avons rencontres, grands comme petits, nous ont dit qu'ils considéraient la terre comme leur mère. Ils savent également tous que les produits chimiques tuent cette terre. Lorsqu'on les met face à cette réalité et surtout face au jugement des dieux, ils nous répondent qu'ils aimeraient bien nourrir leur terre-mere en y appliquant uniquement des engrais "bio", mais eux aussi doivent manger. Alors tant pis si les dieux sont fâchés, ils disent ne pas avoir le choix.
Par contre, cette excuse nous a semblé parfois un peu limitée quand le paysan en face de nous était un grand propriétaire. Il a largement assez de nourriture pour bien manger et ça ne dépend que de sa propre volonté que de réaliser une agriculture plus « raisonnée ». Peut-être que les dieux seront moins cléments envers lui ?
Certains nous avoueront même que les dieux sont déjà fâchés puisque certaines familles ont des maladies à cause des pesticides...
De retour à Morena, nous avons continué nos visites. D'abord le responsable gouvernemental de la gestion des pesticides, mais ce fut peine perdue. La langue de bois n'est pas réservée qu’à nos politiciens !
Pendant les deux derniers jours, nous avons profité pleinement de nos amis indiens. Sophie s'est encore fait de nouvelles copines qui se sont amusées à l'habiller un peu comme une poupée barbie. D'abord en saree, puis en kurta et enfin, le clou du spectacle avec la robe de mariage de la femme du frère de Ramu. Le dernier déguisement a été mis en secret. Ramu et son père ne devaient surtout pas être au courant. Peut-être que le fils aîné de la famille aurait très mal pris de voir quelqu'un d'autre porter la robe de mariage de sa femme ? Ou alors peut-être que ce genre de distraction nuit a l'honneur de la famille ? Les femmes de la maison nous ont paru très brimées. Même lorsque nous nous amusions à faire des rotis (crêpes de pain) avec elles, il ne fallait pas que les hommes soient au courant.
Autre tradition très étrange, par respect pour son mari, une femme mariée ne doit pas montrer son visage a un homme plus âgé que son mari. La belle-fille mettait donc son saree comme un voile en présence du père.
Autre chose originale : nous avons un peu honte de le dire, nous qui parlons de "retour à la terre" et qui dénonçons la rupture des villes avec la nature... mais nous avons trait notre première vache, qui est d'ailleurs un buffle.
Enfin, nous avons profité de ces moments pour essayer le sport national, le criquet. Dur dur dur...
Vraiment, merci encore Ramu, papa, maman, frère, soeur, de Ramu, nous n'oublierons pas votre accueil.