"Vous allez en Inde ? Vous n' allez pas voir Auroville ?", voilà la question qu'on
n'a pas cessée de nous poser avant et lors de notre voyage en Inde. Intrigués par tant de solicitation à découvrir cette ville, nous sommes finalement allés y faire un tour.
Auroville est un petite ville de 3000 habitants, située à 10 km au nord de Pondichery. Au lieu de ville, nous ferions mieux de parler de communauté ou de bulle en Inde.
Auroville est un petite ville de 3000 habitants, située à 10 km au nord de Pondichery. Au lieu de ville, nous ferions mieux de parler de communauté ou de bulle en Inde.
Auroville a été créée en 1968 par une française. Cette dame qui a eu des troubles psychiatriques
graves a déménagé en Inde où elle se sentait plus à sa place. En Inde, elle a eu une relation très particulière avec un indien, Sri Aurobindo, d'abord militant pour l'indépendance de l'Inde, il a ensuite consacré sa vie au yoga et à la réflexion sur la conscience de soi. Ces deux personnages atypiques ont eu, dans les années 50, une énorme influence sur des millions de gens dans le Tamil Nadu. Ceci est notemment dû à la création de leur ashram, encore célèbre aujourd'hui. Un ashram est une instituion dirigée par un homme, un "Gourou" qui transmet à ses disciples sa philosophie et les aide à aller plus loin dans leur méditation et dans leur cheminement interieur. En France, nous appelerions ça des sectes, mais en Inde les ashrams sont tres répandus et n'ont pas ce côté péjoratif. Il en existe partout. Les indiens ont, de manière générale, souvent besoin d'un guide ou d'une idole, une personne à admirer, voire à adorer. Cette personne les prend par la main, un peu comme une mère. Beaucoup d'indiens sont en fait de grands enfants. Les garçons sont totalement dépendants de leur mère qui leur a toujours tout fait, et les femmes sont souvent très influençables. Le contraste est saisissant avec notre culture française, où on nous apprend à être autonome et à vivre seul. Dans certains ashrams, les adeptes finissent par avoir tellement confiance en leur maître qu'ils obéissent à tous ses souhaits. De cette manière, Sri Aurobindo et sa concubine française ont eu une influence absolument démentielle. Ils possèdent la moitié du quartier riche à Pondichery, ont construit des écoles, hôpitaux, lieux de méditation. Leur influence est telle qu'aucun magasin de la ville et même des environs n'affiche pas la photo du couple. Il paraîtrait même que les commerces rebelles subiraient des pressions. Le centre de Pondy baigne dans cette ambiance. On peut encore voir défiler des gens habillés avec un short et coiffés de turbans, l'habit officiel de l'ashram. Chaque jour, des centaines d'indiens vont se recueillir sur la tombe de leurs gourous. Bref une chose est sure, cet ashram a une position confortable autant dans la tête des gens que dans leur compte en banque.

Mais revenons à Auroville. Cette ville internationale, comprenant 50 % d'étrangers, a été reconnue par le président indien et les 124 nations présentes lors de son inauguration. Son but
est, selon sa créatrice, appelée "mère", de créer une ville parfaite : "le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités". C'est en quelques sortes un vaste champs expérimentale d'amelioration de l'espece humaine. Chacun y travaille à la decouverte de soi et à son cheminement interieur pour se rapprocher individuellement de l'être parfait et collectivement de la communauté parfaite (pour en savoir plus http://www.auroville.info/realization/index.htm).
Pendant notre séjour sur place, nous avons logé gratu
Nous nous sommes concentrés sur l'étude de l'agriculture, mais Auroville est aussi et surtout connue comme un haut lieu pour la méditation et l'art. En ce qui concerne l'agriculture, on y a incontestablement vu des choses très intéressantes.
Lors de sa création, Auroville était un désert. Aujourd'hui, on y trouve des fermes aux terres parfois très fertiles et une forêt dense comme jamais nul part ailleurs. Nous avons rencontré Bernard, un suisse, installé à Auroville depuis 75, qui habite avec sa femme une maison assez éloignée du centre ville. Lors de son installation, il y a environ 15 ans, la maison était entourée de ce même désert de cailloux qui existait autrefois à la place d'Auroville. A force de patience et en utilisant uniquement des méthodes naturelles "en prenant comme exemple la nature", selon ses propres mots, sa maison est aujourd'hui juxtaposée à un jardin qui nous a semblé très fertile (terre noire, humide et présence de nombreux vers, insectes...) et a une forêt presque dense. Comment ont-ils fait pour passer d'un désert a un lieu riche en vie ? Grâce a un arbre ou plutôt grâce aux feuilles de l'Accacia d'Australie qui est capable de pousser sur ces sols très caillouteux. Celles-ci, soigneusement ramassées et compostées ont fini par créer du sol. Une fois la forêt développée, les accacias disparaissent peu à peu pour laisser la place aux espèces d'arbres natives. Un travail absolument incroyable qui mériterait d'être plus étudié...
Nous avons également
Concernant notre projet et notre problématique sur le rapport à la terre des paysans, il est incontestable que ces gens ont un lien très fort à la nature. En effet, contrairement à beaucoup d'agriculteurs, ils ont fait le choix de devenir paysan, ensuite ils ont fait le choix de devenir aurovilliens. Le travail physique est là-bas considéré comme un moyen indispensable pour se découvrir et se comprendre. C'est en quelques sortes un moment de méditation, travailler directement la terre un moyen d'entrer en contact avec "l'énergie" des éléments. Ici tout est évoqué en terme d'énergie. Ca nous a d'abord surpris, mais en y réfléchissant, cette approche des choses est très intéressante et permet de mettre un mot sur ce que l'on ressent face a quelque chose. La beaute, l'harmonie ou simplement l'ambiance d'un paysage, d'un jardin ou d'un arbre peut-être saisissante, on dira alors qu'on ressent l'énergie qui s'en dégage. Bref, ces énergies relient très fortement les paysans à leur terre. Le lien philosophique ou spirituel est donc très fort, de même que le lien physique puisque presque tout est fait à la main. Enfin, le lien et la connaissance biologique est également très fort. On utilise à Auroville des techniques en agriculture biologique à la pointe des connaissances mondiales. Ce fut très surprenant pour nous, car des gens comme Bernard ou Priya n'avaient, avant leur arrivée, aucun lien avec le métier d'agriculteur.
Pourtant, malgré toutes ces choses passionnantes, nous sommes repartis avec une idée très mitigée d'Auroville. Il se dégage dans cette ville quelque chose de très étrange (peut-être une sorte d'énergie) qui met mal à l'aise, sans qu'on sache expliquer pourquoi. Ensuite, de façon plus rationnelle, la raison même d'Auroville est gênante. Ces gens veulent tous un monde meilleur et ont décidé de créer un endroit pouvant un jour servir de modèle au monde. Ils vivent donc dans de bonnes conditions pendant que le monde souffre. Selon nous, si on veut "sauver le monde", il faut le faire directement au contact des populations et pas seuls dans son coin que ce soit pour améliorer leurs conditions de vie ou réfléchir sur notre nature et notre rôle sur terre.
Ensuite, cette ville n'est pas aussi parfaite que son principe. Dans la plupart des fermes (le Buddha Garden
Le bilan sur notre visite à Auroville est mitigé. Ce qui est sûr, c'est que ça a été une expérience tres intéressante que nous recommandons à toute personne qui compte aller en Inde. "Tu vas en Inde ? il faut absolument que tu passes par Auroville"...
1 commentaire:
J'ai trouvé votre point de vue très intéressant même si je ne le partage pas entièrement. Comme vous, mon séjour de 2 semaines (je travaillait bénévolement au buddha garden)ne m'a pas permis de pénétrer à fond "l'essence" d'Auroville mais m'a quand même permis de me faire une idée. En lisant votre article on pourrait croire que les auroviliens vivent dans l'opulence sur le dos des paysans locaux alors qu'on s'aperçoit vite que les auroviliens vivent une forme avancée de simplicité volontaire. De plus cet endroit qui était autrefois un désert à attiré un grand nombre de travailleur qui ont vu là un moyen de gagner dignement leur vie, ce qui est rarement le cas dans le reste de l'Inde.
Le fait que l'Inde reste encore largement sous-développé par ailleurs n'enlève pas le droit à certains de créer un milieu équilibré où vivre dignement.
Je pense qu'une telle société peut servir d'exemple et agir comme moteur de changement. Pour ma part, je crois que vouloir s'ingérer dans la vie d'une société en prétendant les aider n'est pas le meilleur moyen d'enrayer la misère. chacun arrive avec son idée du "mieux" et crée d'avantage de confusion que d'amélioration parce que je crois que les changement doivent venir de l'intérieur et non de l'extérieur.
merci
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