jeudi 11 septembre 2008

Les difficultes en agriculture au coeur des montagnes du Weining

Il est 17h30, nous venons de rentrer d’une journee de travail. Comme chaque jour, nous sommes partis a 9h a la rencontre des paysans. A l’arrivee dans le village, nous rencontrons le leader, celui qui fait le lien entre le gouvernement et les habitants du village. Puis nous interviewons quelques paysans sur leurs problemes en agriculture….
Cependant, aujourd’hui, après deux semaines de beau temps, nous etions loin de penser que la pluie ferait son apparition, l’air de rien…
Nous sommes extenues d’avoir lutte contre la pluie, la boue et meme la moto qui refusait d’avancer…




Nous avons quand meme pu profiter de cette journee qui nous a permis de comprendre encore un peu mieux la situation des paysans de ces montagnes.

Comme nous l’avions constate precedemment, tout le monde fait du mais et des pommes de terre. Certain on la chance de pouvoir faire du tabac, quand leur sol est bon, ce qui leur rapporte un peu d’argent. L’etat des routes et l’inclinaison de certaines terres sont des difficultes evidentes que rencontrent ces paysans. Cependant, le plus gros probleme, celui qui touche absolument tous, c’est les engrais chimiques.
En effet, sans ces apports artificiels, ils ne pourraient meme pas recolter 1/3 de leur production actuelle, ce qui ne suffirait meme pas a les nourrir. Tout leur argent est depense pour l’achat de cet engrais “magique”.

Il est vrai que ces produits chimiques leur permettent de survivre, pourtant on ne peut pas envisager ca comme une solution durable. Leur prix augmente d’annee en annee. Par ailleurs, leurs sols appauvris et destructures par la monoculture, l’erosion et les produits chimiques, necessitent toujours plus d’intrants pour atteindre au moins les memes rendements.
Encore plus grave, ces paysans ne maitrisent absolument pas cette technique culturale. Ils ont appris de leurs parents ou de leurs voisins comment utiliser ces produits. Ils avouent n’avoir jamais lu la notice. Resultat : ils les utilisent au pire moment, lorsqu’il pleut. Les elements chimiques sont entraines dans les nappes phreatiques. Nous sentons que cette problematique n’est pas leur preoccupation premiere, mais ils ne realisent pas qu’ils polluent l’eau qu’ils boivent chaque jour et tuent les sols qui leur permettent de vivre.

Certaines familles peuvent se payer ces fertilisants, mais le plus souvent, lorsque le revenu des cultures de rente ne suffit pas, les jeunes adultes doivent partir pour la ville. Ils n’ont alors aucune experience professionnelle autre que le travail agricole, ne sont souvent jamais alles en ville. Dans la plupart des villages, on ne voit plus que des personnes agees ou des enfants. D’ailleurs, ils sont souvent ravis de nous rencontrer, non seulement parce qu’on est francais, mais aussi parce qu’ils ne voient plus de jeunes entre 20 et 30 ans. Dans le village que nous avons visite aujourd’hui, toutes les familles ont au moins un enfant en ville, loin de chez eux.
A part l’eclatement de ces familles, c’est l’avenir de ces villages et meme de la campagne niupengaise qui est en jeu. En effet, beaucoup de parents se demandent s’ils verront revenir un jour leurs enfants pour s’occuper des terres. Ils nous disent que la plupart d'entre eux resteront attires par les lumieres de la ville.

Gavin, notre traducteur chinois, ne comprend pas nos inquietudes, non seulement il pense que les jeunes reviendront, mais en plus il ne voit pas de probleme a ce que ces villages disparaissent.

En tant que francais, ou l’agriculture ne represente plus que 1.6 % des emplois, ou les campagnes se desocialisent au fur et a mesure de la perte de leurs habitants et de leurs commerces, ou la mecanisation est devenue l’agriculture conventionnelle, et ou nous ne mangeons plus que des aliments “au gout de pesticides et d’engrais chimiques”, nous ne pouvons qu’etre inquiets par l’evolution de cette campagne que nous decouvrons un peu plus chaque jour.

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