Le mercredi 2 juillet se tenait à Carcassonne un procès opposant 5 militants anti-OGM (dont José Bové) à la firme Monsanto. Ces faucheurs volontaires ont été jugés pour entrave à la liberté de travail et dégradations, après un contrôle citoyen en 2006 chez Monsanto à Trèbes.
C’est donc dans une ambiance très conviviale qu'une petite centaine de personnes s'est réunie devant le tribunal de Carcassonne, pour une grande journée de mobilisation. Les médias racontent que les 5 accusés auraient "pris d'assaut" la firme Monsanto, alors que les principaux acteurs concernés parlent d'un "contrôle citoyen", légitime et sans débordements qui consistait à vérifier que les semences utilisées par la firme n'étaient pas génétiquement modifiées (pratique encore interdite en France en 2006).
Après avoir assisté à l’entrée des accusés accompagnés par des chants « guerriers » : « Mon-on-santo, mon-on-santo, tu nous fais pas peur… », puis défilé dans les rues de la cité médiévale (avec un passage très remarqué devant le MacDonald !), nous avons profité de cette occasion pour discuter avec les militants anti-OGM des raisons de leur combat.
Les militants anti-OGM sont trop souvent vus comme des 68ards attardés. Pourtant, les mouvements de révolte des faucheurs sont le fruit de réflexions tout à fait sensées et sont le fait d’une démarche citoyenne face à des choix de société fondamentaux. Nous avons cependant trouvés que quelques fois le discours était plus anticapitaliste que juste anti-OGM.
Les raisons invoquées du combat anti-OGM sont la plupart du temps sociétales ou politiques, mais rarement philosophiques. On veut se protéger des OGM car on ne connaît pas leur effet sur la santé humaine, on refuse les OGM car c'est intolérable qu’une compagnie, comme Monsanto, ait le monopole de cette pratique, on critique les OGM car ils vont dans le sens d'une démarche productiviste et d'une agriculture intensive. Les militants avancent souvent comme arguments, des chiffres, des images, des expériences chocs pour démonter le système capitaliste, avant d’évoquer le problème moral que pourrait susciter l’appropriation du vivant.
Breveter des semences, s'approprier le vivant, dénaturer un organisme vivant, troubler les écosystèmes, le débat ne devrait-il pas déjà commencer sur ces problématiques ?
Lorsque nous avons évoqué cet aspect moral autour de l'appropriation et la modification du vivant, les avis étaient unanimes ; "c'est inadmissible!", pourtant ce n'est pas un argument qui revenait naturellement dans les discussions.
Cette journée nous a une nouvelle fois confortés dans l'idée que nous avons perdu un lien à la terre.
Nos politiques choisiraient-ils les OGM, malgré l’avis largement défavorable des français, si notre lien à la terre était plus fort ?
La plupart des militants seraient-ils toujours anti-OGM, si Monsanto était blanc comme neige ?