mercredi 30 juillet 2008

La ferme Fischer : une petite exploitation conventionnelle et familiale

La ferme Fisher est une petite exploitation avec gîte rural au cœur du Bas Rhin alsacien. Elle est entretenue par amour de la terre par trois fils qui perpétuent ainsi la passion familiale. Ceux-ci sont doubles actifs. Ils ne veulent pas être agriculteurs, la ferme est simplement une façon de se retrouver en famille et de revenir à la nature.

Par facilité, les frères sont restés en agriculture conventionnelle, pourtant leurs choix sont différents d’une exploitation classique alsacienne (monoculture de maïs, grande surface avec tracteurs adaptés). Puisque le but premier n’est pas de dégager un revenu, ils ont fait d’autres choix : celui de la polyculture, de pratiques intégrées, d’infrastructures modestes.

Finalement, plus que le contexte agricole ou environnemental, c’est plus la tradition familiale qui a déterminé les pratiques agricoles de l’exploitation Fischer.

vendredi 25 juillet 2008

Sébastien Zwingelstein, jeune agriculteur en AMAP

Rendez-vous très matinal et très difficile pour les deux citadins que nous sommes : 8H ! Sébastien, lui, est debout depuis 5H30. Et ce n’est pas le plus surprenant.

A seulement 20 ans, il gère son exploitation depuis un an, seul. Pourtant nous pouvons vous assurer qu'il sait ce qu’il veut, qu’il sait où il va et qu’il n’a besoin de personne pour faire tourner la machine. Il réalise son rêve d’enfant avec une volonté étonnante.

Pourtant, ce n’était pas gagné. En effet, sa SAU de seulement 20 ha aurait du l’obligé à être double actif faute de pouvoir dégager un revenu suffisant. La solution, il l’a trouvée grâce aux AMAP. Aujourd’hui, il peut être plein actif grâce à seulement 1 ha de légumes qu’il cultive au milieu des 19 ha de maïs. En plus de cela, il a pu commencer sa convertion en bio.

Il demande aux Amapiens de son village de venir chercher leur panier de légumes en vélo!

Voilà un bel exemple d’une pratique culturale alternative, née d’un lien à la terre passionnel, qui a permis de maintenir une agriculture à petite échelle.

jeudi 24 juillet 2008

Catherine et Jérôme : couples d’éleveurs de moutons dans la vallée de St Croix en Alsace

C’est après une bonne demi-douzaine d’erreurs de direction, une ascension terrible sur une piste poussiéreuse et glissante, et une bonne heure de retard que notre twingo nous miraculeusement emmenés chez Catherine et Jérôme. Leur maison, isolée en pleine nature avec vue panoramique sur la vallée de St Croix, nous a vite fait oublier nos mésaventures.

Catherine et Jérôme ont respectivement 33 et 25 ans. Ils élèvent ensemble des bêtes pour leur laine et leur viande. Ils les découpent eux-mêmes et les revendent au marché et en AMAP.

C’est leur très jeune âge pour devenir agriculteurs et leur isolement à la campagne qui nous ont particulièrement marqués. En effet, tous les deux sont nés à la ville et n’ont aucun parent agriculteur. Ils sont venu à l’agriculture par passion. Or aujourd’hui, on ne s’invente pas agriculteur aussi facilement. Catherine, qui a démarré l’exploitation avec son ex-mari, a pu nous décrire la montagne de difficultés pour s’installer quand on ne vient pas du milieu agricole : dossiers d’aide à l’installation de jeunes agriculteurs, recherche d’une terre libre face à la pression foncière de la région (finalement trouvée dans une montagne où les fortes pentes compliques tout), premières années difficiles...

Et puis, ils nous ont expliqué ce que leur ont apporté les AMAPs : rémunération, convivialité, reconnaissance sociale de leur travail, échange humain, commerce de proximité... Avec en point d’orgue, cette belle histoire qu’il vient de leur arriver.

Après une année en AMAP, ils se sont rendu compte que le prix au kilo (12,50 €) ne suffisait pas pour être aussi rentable que le marché. Ils sont donc venu avec leur compte proposer aux AMAPéens une hausse de 0,50 € au kilo. Ces derniers se sont rendu compte qu’à ce prix, Catherine et Jérôme ne touchaient même pas le smic. Les clients ont donc décidé de réfléchir encore un peu plus longtemps au prix le mieux approprier pour que les producteurs aient un salaire décent et que les consommateurs puissent avoir une viande à un prix abordable.

Difficile d’imaginer un client demander à un super marché de vendre leurs légumes plus chers pour augmenter le salaire des caissières !!!

jeudi 17 juillet 2008

Distribution de paniers d'AMAP

Les AMAP sont des Associations pour le Maitien d’une Agriculture Paysanne. Chaque semaine le client achète ce que l’on appelle « un panier ». Celui-ci peut être de légumes, de fruits ou de viande. Le client ne choisi pas ce qu’il y aura dans son panier, chaque fois ce sont les agriculteurs qui choisissent de quoi il sera constitué en fonction de leur récolte. L’intérêt de cette démarche commerciale alternative est de créer un contrat de solidarité avec l’agriculteur. En effet, le consommateur paye ses paniers en avance au producteur. Ainsi, si par exemple une récolte est détruite par la grêle ou autre intempérie, le client est solidaire de l’agriculteur. Les consommateurs en général comprennent tres bien la situation et accepte d’avoir cette semaine la moins dans leur panier. En contre partie si la récolte est bonne ils verront leur panier bien rempli. Si ce système d’entre-aide est aussi performant c’est grace au principe de transparence des AMAP. Les agriculteurs se doivent de répondre a toutes les questions de leur client. Dans cette optique sont souvent organisées des visites a la ferme.

Nous avons assisté à notre première distribution de paniers AMAP avenue des Vosges à Strasbourg. La distribution a lieu dans une cour d’immeubles en pleine ville. Quand les agriculteurs arrivent avec leurs camions et leurs marchandises, quelques clients sont déja la pour aider a decharger les caisses de tomates, de concombres, de salades... fraichement cueillis. Puis c’est le moment de faire son panier. Chaque clients se sert sa nourriture en fonction d’un tableau qui leur indique de quoi est constitué leur panier cette semaine.
Nous avons tout de suite été frappés par la convivialité et par la chaleur humaine de cette cour.

Il est difficile de vous faire vivre tout cela par écran interposé, cependant la lettre hebdomadaire écrite par Stéphane et Bernard, agriculteurs fruitier, à leurs Amapéens est assez représentative du fonctionnement des AMAP.

« Cette semaine il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle est que nous avons pu commencer les moissons d’orge et finir les foins. Nous avons croisés, au moment du fauchage des foins, exactement 31 cigognes qui se sont posées à côté du tracteur en attente des petites sauterelles.
Elles se sont régalées…
Par contre, la mauvaise nouvelle est que ce sera à nouveau une semaine de jus de fruit.
Dans les lettes précédentes on vous a expliqué la méthode de fabrication des jus donc vous savez tout maintenant, les purs jus de fruits n’ont aucun secret pour vous…

A la semaine prochaine…..

Stéphane et Bernard »

Ensuite, la seconde remarque est que nous y avons rencontré presque que des gens engagés, clients comme agriculteurs, voulant sortir du schéma classique agriculture intensive, supermarché. Ils veulent retrouver le naturel, le contact humain, les saisons bref retrouver la simplicité.
Cette agriculture marginale, il faut bien l’avouer, nous a particulièrement touché. Tout le monde semble y trouver son compte…
…même la nature !

lundi 7 juillet 2008

Rencontre avec Mme Guiresse, professeur de pédologie à l’ENSAT

C’est dans une fosse de pédologie que nous avons réalisé cette interview. Au milieu des couches d’humus et de sol calcaires, Maritxu Guiresse, nous a expliqué que la pédologie était une science en déclin. “Aujourd’hui on se spécialise dans des domaines de pointe”. On étudiera plus volontiers le ruissellement de métaux dans le sol que le sol en lui même de façon plus globale. Ceci implique que les connaissances autour des sols diminuent et cela témoigne du manque d’intérêt autour de cet élément. Cette maître de conférence doit d’ailleurs se battre pour garder la pédologie à l’ENSAT, une école d’agronomie !

D'après elle, s'il y a un manque général de sensibilité pour le sol, c'est parce que celui-ci ne se voit pas. “Pour beaucoup de monde le sol est juste une surface, alors que c’est une interface incontournable avec les autres sphères naturelles”.

Une prise de conscience semble néanmoins être en route puisque l’Union Européenne vient de mettre en place une directive sur la protection des sols (directive cadre pour la protection des sols, adoptée en 2007).

jeudi 3 juillet 2008

Rencontre avec M. Sarthou, chercheur en protection des cultures

M. Sarthou est une des rares personnes à parler de sujets d’actualité à l’ENSAT. La première fois que nous l’avons rencontré, c’était lors d’un cours intitulé “les enjeux agricoles pour 2050”. Il a abordé les questions de population croissante et de demande alimentaire grandissante en parallèle à une surface agricole en déclin. C’est à cause de son intérêt sur les enjeux agricoles que nous avons voulu l’interviewer. Lors de cette entrevue, il n’a pas été pessimiste sur l’avenir de la planète, il a mentionné le rapport de la FAO qui prouve que l’on pourrait nourrir le monde qu’avec de l’agriculture biologique.

M. Sarthou était certificateur bio, nous voulions connaître son avis sur cette pratique agricole en vogue. Même si le bio est une manière de cultivée qui soulage la terre, il reconnaît que parfois c’est plus un enjeu commercial qu’écologique. Par ailleurs, certains agriculteurs en conventionnel sont parfois plus respectueux de l’environnement que ceux déclarés travailler en agriculture biologique. En effet, la charte AB ne prend pas en compte dans ces critères la biodiversité ou la consommation de carburant par exemple.

En ce qui concerne l’agriculture actuelle, M. Sarthou pense que les agriculteurs ne prennent plus le temps de passer dans leurs cultures pour les observer. Il ne touche même pas la terre de la journée quelques fois. Cependant il dit que leurs conditions de travail sont trop difficiles et si l’agriculture est majoritairement intensive aujourd’hui, c’est parce que les agriculteurs ont trop d’emprunts. Ils sont obligés de développer leurs rendements pour rembourser les coûts de production.

Selon lui une agriculture « écologiquement intensive » est possible. Par exemple aux Etats-Unis, une expérience a montré que le maïs répondait très bien à l’effet rotation. Cet effet permet d’éviter des maladies et donc de cultiver sans produits phytosanitaires. Cependant même si les alternatives sont réalisables, le problème reste que des acteurs, comme les coopératives, ne sont pas prêts pour le changement.

L’éducation pourrait participer à changer les choses. Selon lui, il faut opérer au niveau de la petite enfance et dans le cadre familial, pas uniquement à l’école. « Cela va mettre du temps, il va peut être falloir attendre plusieurs générations avant un véritable changement » …

mercredi 2 juillet 2008

Procès des faucheurs volontaires au tribunal de Carcassonne

Le mercredi 2 juillet se tenait à Carcassonne un procès opposant 5 militants anti-OGM (dont José Bové) à la firme Monsanto. Ces faucheurs volontaires ont été jugés pour entrave à la liberté de travail et dégradations, après un contrôle citoyen en 2006 chez Monsanto à Trèbes.
C’est donc dans une ambiance très conviviale qu'une petite centaine de personnes s'est réunie devant le tribunal de Carcassonne, pour une grande journée de mobilisation. Les médias racontent que les 5 accusés auraient "pris d'assaut" la firme Monsanto, alors que les principaux acteurs concernés parlent d'un "contrôle citoyen", légitime et sans débordements qui consistait à vérifier que les semences utilisées par la firme n'étaient pas génétiquement modifiées (pratique encore interdite en France en 2006).
Après avoir assisté à l’entrée des accusés accompagnés par des chants « guerriers » : « Mon-on-santo, mon-on-santo, tu nous fais pas peur… », puis défilé dans les rues de la cité médiévale (avec un passage très remarqué devant le MacDonald !), nous avons profité de cette occasion pour discuter avec les militants anti-OGM des raisons de leur combat.
Les militants anti-OGM sont trop souvent vus comme des 68ards attardés. Pourtant, les mouvements de révolte des faucheurs sont le fruit de réflexions tout à fait sensées et sont le fait d’une démarche citoyenne face à des choix de société fondamentaux. Nous avons cependant trouvés que quelques fois le discours était plus anticapitaliste que juste anti-OGM.

Les raisons invoquées du combat anti-OGM sont la plupart du temps sociétales ou politiques, mais rarement philosophiques. On veut se protéger des OGM car on ne connaît pas leur effet sur la santé humaine, on refuse les OGM car c'est intolérable qu’une compagnie, comme Monsanto, ait le monopole de cette pratique, on critique les OGM car ils vont dans le sens d'une démarche productiviste et d'une agriculture intensive. Les militants avancent souvent comme arguments, des chiffres, des images, des expériences chocs pour démonter le système capitaliste, avant d’évoquer le problème moral que pourrait susciter l’appropriation du vivant.
Breveter des semences, s'approprier le vivant, dénaturer un organisme vivant, troubler les écosystèmes, le débat ne devrait-il pas déjà commencer sur ces problématiques ?
Lorsque nous avons évoqué cet aspect moral autour de l'appropriation et la modification du vivant, les avis étaient unanimes ; "c'est inadmissible!", pourtant ce n'est pas un argument qui revenait naturellement dans les discussions.
Cette journée nous a une nouvelle fois confortés dans l'idée que nous avons perdu un lien à la terre.

Nos politiques choisiraient-ils les OGM, malgré l’avis largement défavorable des français, si notre lien à la terre était plus fort ?
La plupart des militants seraient-ils toujours anti-OGM, si Monsanto était blanc comme neige ?