jeudi 25 septembre 2008

Rapports et liens a la terre des paysans de Niupeng

Les plus grands fans d'entre vous qui suivent nos aventures et ont lu tous nos articles (salut P'pa, salut M'man) doivent etre inquiets : "Et le projet Retour a la terre alors, ils ont arrete ?"
Que nenni. Never of the life !!!
D'ailleurs, cet article est justement consacre a ce theme, quelle coincidence !!! Les choses sont bien faites quand meme...

Il est vrai que le sujet fut particulierement interessant a Niupeng, et nous pourrions meme dire deroutant. Tellement different de ce a quoi on s'attendait. Mais comprenons d'abord la situation de ces paysans avant d'aborder leur rapport a la terre...

En Chine, les terres agricoles ont ete redistribuees suite a la reforme du systeme collectif de 1984. La surface a ete repartie de maniere a ce que chacun puisse en tirer un revenu suffisant en tenant compte de la qualite des terres, du nombre d'habitants et des activites extra agricoles des villages. La terre est transmise ensuite de generation en generation dans la meme famille. En effet, il est interdit de la vendre. Le seul moyen d'en acquerir est alors de la louer. C'est pourquoi, personne ne s'installe hors cadre familiale.
A Niupeng, on est agriculteur de pere en fils. Ce metier est donc bien souvent une evidence. Quand on leur demandait s'ils aimaient leur metier, la question leur semblait etrange voire incomprhensible. Ils sont agriculteurs, c'est tout. Ils ne se sont jamais demandes pourquoi.

A notre arrivee, nous pensions que leur lien physique tres fort a la terre (ils cultivent a la main, l'agriculture est une tradition familiale...) aurait une influence sur leur lien biologique, philosophique et donc sur leurs pratiques agricoles.

Et bien, notre premier constat nous a un peu attriste. En effet, pour l'immense majorite d'entre eux, 70% selon la responsable agriculture du gouvernement de Niupeng, la terre n'est qu'un outil pour vivre, pour gagner de l'argent. On nous a repete et rerepete que les choix culturaux etaient avant tout economiques. Voila pourquoi des qu'ils le peuvent, ils font du tabac, culture de loin la plus rentable. Tres peu, voir aucun n'est passionne par son travail.
En plus de cette indifference envers leur metier, il y en a une aussi envers leur environnement. Tres peu nous ont parle de leur attachement a leur montagne. Ils ont par contre les yeux qui petillent lorsqu'on leur parle de la ville.

Nous nous sommes alors tournes vers les traditions, esperant trouver d'anciennes philosophies liees a la terre. Mais les paysans, meme ceux appartenant aux differentes ethnies (Miao, Yi...) n'utilisent plus aucune tradition agricole. L'un d'entre eux nous dit : "maintenant, on croit en la science".

Pourtant, nous avons ete tres surpris par leurs connaissances biologiques sur la terre et sur l'agriculture en general. Nous nous attendions a des savoirs ancestraux conserves consciencieusement a travers les generations permettant de tirer profit d'une terre enrichie de maniere durable... Mais au contraire, sans se poser de question, ils suivent desormais les instructions sur les sacs d'engrais ou imitent leur voisins sans savoir qu'ils appauvrissent les sols.

Cette meconnaissance biologique est certainement responsable de leurs pratiques agricoles douteuses... Pourtant, beaucoup d'entre eux se rendent bien compte que le sol s'appauvrit, avouent que les recoltes ont moins de gouts, mais ne font rien en consequences. Le manque de connaissances de l'agriculture moderne ne suffit pas a expliquer leurs choix culturaux peu respectueux de l'environnement. Vient alors le detachement affectif vis a vis de la terre... En effet, la plupart d'entre eux pensent au profit immediat de ces techniques avant de penser a la terre qu'ils transmettront a leurs enfants.

Nous avons quand meme rencontre quelques paysans plus attaches a leur terre. L'un d'entre eux preferait bien sa montagne a la ville "Les bruits de la ville vous tueront", mais meme celui-ci avouait avoir des pratiques destructrices. Et c'est bien la le plus triste, meme quand la volonte est la, les engrais chimiques sont devenus indispensables. Sans eux, la famille n'a plus de quoi se nourrir.

Nous sommes venus en Chine a la recherche d'une vision de la terre toute nouvelle. Nous pensions trouver des gens pour qui la terre etait tout et au contraire nous avons rencontres des paysans prets a la quitter des que possible.

Nous retiendrons de notre sejour a Niupeng que, meme lorsque les paysans touchent, sentent la terre chaque jour, sous leurs pieds et dans leurs mains, meme lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne vivent que grace a elle, ce seul lien physique ne suffit pas a des pratiques agricoles responsables et durables.

Alors qu'en France beaucoup de gens parlent d'un retour a la terre, nous assistons a Niupeng a une fuite de la terre...

samedi 13 septembre 2008

The End of the visits seen by Gavin

5th Sep. Longshan Group, Xinshan Village.
People have more arable land in average than the other villages that we visited. It is an ethnic village, Miao people is about 85% of the population (about 1000 people). 1/5 of families (100) raise 10-15 goats. 1/2 of the families do not plant tobacco. People do not like going out to make money in the city. There are about 50 persons who are good at building construction. They can make money during the free days. People breed the baby goats and sale the old goats (one 50kg goat costs 1200RMB). People do not make milk from goats and cow. They do not have this eating habit as in France and they also do not know how to take the milk of a cow.

7th Sep. Group 5, Shougong village.
In this village, people make potteries but have just 1 mou to live..
People here have 3 ways to make money.
- To rent land from other villages to plant tobacco.
- Young people going out to make money.
- And to raise pigs (animals) to sell.

We visited one of the families who still cook potteries and we have got more history information of the pottery production in this village. This man is one of the oldest workshops in this village and one of the ten last pottery makers. He told us they believe that this kind of skill will not disappear for the next 20 years, but the market is less and less important. There are 2 main problems :
- cooking ways are old (they use wood and old cooking house very destroyed).
- even if the pottery is better to keep food and make wine, the substitutes of the potteries like plastic plates are useful to eat and are more convenient.
The family said that they would like to revive the pottery production by advanced technology.



8th Sep. Xinshan Group, Xinshan Village.
In this ethnic group, the main crops are corn and potato. They do not plant tobacco because they are on the back of the mountain with not enough sun. They make money from planting walnut trees, beans and raising animals to sale. Fertilizer is their biggest problem as usual.

10th Sep. Yingshan Group, Yingshan Village.
High price of fertilizer is the most difficulty. The road is bad. And the agriculture environment is very bad in Tiechang ethnic group (people live on the slope of a high mountain side). The soil is poor without enough fertilizer.

From these visits, I can tell that peasants here in Niupeng in the mountain area are optimistic. They work hard to live on their fields. They try to live better to make money from the cities. They like the countryside and long hoping to find a way to harmonized with their land.


I like the handworking honest Chinese peasants in NP. Don’t you think so? Welcome to discuss with me if you are interested in.

jeudi 11 septembre 2008

Des nouvelles de nous...

Vous avez eu pas mal de nouvelles des paysans chinois... et nous alors ?

C'est pas facile de savoir quoi vous raconter. Toutes les journees se suivent et se ressemblent... Mais meme si le programme est toujours identique, il arrive parfois quelques petits imprevus... comme ce soir du 4 septembre, anniversaire de Bertrand (Mo Liang, Bebert, TP, ou TipiWestCoast pour les intimes).


Par hasard, nous avons ete invite a manger par des "collegues" chinois d'ID, personne ne savait que ce jour la etait jour de fete. Sophie, a discretement fait passe le message et la soiree a alors pris un autre tournant. Le patron du restaurant s'est empresse de ramener les 6 bougies de rigueur pour une soiree d'anniversaire. Celles qui apportent "bonheur" et tout ce qui va avec... Le vin chinois, a 42 degres, etait lui aussi de rigueur, par contre nous ne savons pas si ses vertus sont les memes...
Nous avons passe la soiree a s'inviter a boire, le pauvre Mo liang, a du particulierement faire face a l'alcool de pignon de pin chinois. Des gens des tables voisines, se levaient pour lui souhaiter un bel anniversaire. "Faguogen, wo qing ni he jiu" autrement dit " Francais, je t'invite a boire de l'alcool". Une bonne partie de la soiree a ete consacree a echangre des mots dans nos langues respectives. "Nimen shi women de pengyou", "vous etes nos amis" ou encore "Wo hen gaoxing", "je suis tres content"... Les accents chinois et le R francais nous ont fait batayer pendant un bon moment.


Puis ca a ete le moment de jouer aux cartes. En Chine, les gens jouent beaucoup, et particulierement aux cartes. Nous leur avons appris la bataille Corse. Qu'est ce qu'on a rit. On avait l'impression de jouer avec des enfants. On s'efforcait a perdre tellement ils etaient heureux quand ils gagnaient et tapaient comme des sourds sur la table avec des rires hilards. Puis nous avons joue au jeu le plus populaire de Chine "Dou di zhu" ce qui signifie "tous contre le roi"...

Une autre soiree imprevue a ete un beau et etonnant moment. Alors qu'on travaillait tranquillement, la chef du gouvernement nous a appele pour manger avec elle et sa famille (a 18h, detail plutot important). Apres un premier refus, nous avons ete oblige de se rendre au restaurant pour rencontrer ses "relatives", sinon "c'est moi qui vient vous chercher"nous a-t-elle dit. Je crois qu'on radoterait vraiment si on precisait que l'alcool et les cigarettes faisaient partis du decor. Son frere et son neveu etaient heureux de nous rencontrer "c'est la premiere fois que je mange avec des etrangers..." nous a dit l'un d'entre eux.

Pour nous souhaiter la bienvenue en Chine, ils nous ont chante une chanson et c'est a partir de ce moment que la soiree s'est deroulee sous les chants chinois ou francais. A capella, chacun son tour, a mis toute son ame et son coeur pour nous chanter les plus belles chansons chinoises. Des chants a l'efigie de Mao pour les plus ages et d'autres chants d'amour pour les plus jeunes. C'etait un moment tres emouvant et tres intimidant... Vous vous imaginez etre a table avec le maire de votre commune et chanter chacun votre tour des chansons d'amour ?

Moment d'autant plus intimidant que lorsque notre tour est venu de chanter, totalement depasse par la situation, nous n'avons trouve rien d'autre a chanter qu' " A la peche aux moules moules... " Oh mon dieu ! heureusement que personne nous a demande la signification des paroles...

Nous avons egalement chante nos hymnes nationaux respectifs. Le regard droit et des paroles distinctes pour eux, le regard au sol a chercher les paroles pour nous...

Nous rigolons beaucoup des habitudes chinoises et de leurs attitudes inhabituelles pour nous, il n'empeche qu'ils sont tres accueillants et d'une extreme gentillesse. Nous quitterons Niupeng, pour Le Vietnam dans 5 jours , la larme a l'oeil, c'est sur...

Les difficultes en agriculture au coeur des montagnes du Weining

Il est 17h30, nous venons de rentrer d’une journee de travail. Comme chaque jour, nous sommes partis a 9h a la rencontre des paysans. A l’arrivee dans le village, nous rencontrons le leader, celui qui fait le lien entre le gouvernement et les habitants du village. Puis nous interviewons quelques paysans sur leurs problemes en agriculture….
Cependant, aujourd’hui, après deux semaines de beau temps, nous etions loin de penser que la pluie ferait son apparition, l’air de rien…
Nous sommes extenues d’avoir lutte contre la pluie, la boue et meme la moto qui refusait d’avancer…




Nous avons quand meme pu profiter de cette journee qui nous a permis de comprendre encore un peu mieux la situation des paysans de ces montagnes.

Comme nous l’avions constate precedemment, tout le monde fait du mais et des pommes de terre. Certain on la chance de pouvoir faire du tabac, quand leur sol est bon, ce qui leur rapporte un peu d’argent. L’etat des routes et l’inclinaison de certaines terres sont des difficultes evidentes que rencontrent ces paysans. Cependant, le plus gros probleme, celui qui touche absolument tous, c’est les engrais chimiques.
En effet, sans ces apports artificiels, ils ne pourraient meme pas recolter 1/3 de leur production actuelle, ce qui ne suffirait meme pas a les nourrir. Tout leur argent est depense pour l’achat de cet engrais “magique”.

Il est vrai que ces produits chimiques leur permettent de survivre, pourtant on ne peut pas envisager ca comme une solution durable. Leur prix augmente d’annee en annee. Par ailleurs, leurs sols appauvris et destructures par la monoculture, l’erosion et les produits chimiques, necessitent toujours plus d’intrants pour atteindre au moins les memes rendements.
Encore plus grave, ces paysans ne maitrisent absolument pas cette technique culturale. Ils ont appris de leurs parents ou de leurs voisins comment utiliser ces produits. Ils avouent n’avoir jamais lu la notice. Resultat : ils les utilisent au pire moment, lorsqu’il pleut. Les elements chimiques sont entraines dans les nappes phreatiques. Nous sentons que cette problematique n’est pas leur preoccupation premiere, mais ils ne realisent pas qu’ils polluent l’eau qu’ils boivent chaque jour et tuent les sols qui leur permettent de vivre.

Certaines familles peuvent se payer ces fertilisants, mais le plus souvent, lorsque le revenu des cultures de rente ne suffit pas, les jeunes adultes doivent partir pour la ville. Ils n’ont alors aucune experience professionnelle autre que le travail agricole, ne sont souvent jamais alles en ville. Dans la plupart des villages, on ne voit plus que des personnes agees ou des enfants. D’ailleurs, ils sont souvent ravis de nous rencontrer, non seulement parce qu’on est francais, mais aussi parce qu’ils ne voient plus de jeunes entre 20 et 30 ans. Dans le village que nous avons visite aujourd’hui, toutes les familles ont au moins un enfant en ville, loin de chez eux.
A part l’eclatement de ces familles, c’est l’avenir de ces villages et meme de la campagne niupengaise qui est en jeu. En effet, beaucoup de parents se demandent s’ils verront revenir un jour leurs enfants pour s’occuper des terres. Ils nous disent que la plupart d'entre eux resteront attires par les lumieres de la ville.

Gavin, notre traducteur chinois, ne comprend pas nos inquietudes, non seulement il pense que les jeunes reviendront, mais en plus il ne voit pas de probleme a ce que ces villages disparaissent.

En tant que francais, ou l’agriculture ne represente plus que 1.6 % des emplois, ou les campagnes se desocialisent au fur et a mesure de la perte de leurs habitants et de leurs commerces, ou la mecanisation est devenue l’agriculture conventionnelle, et ou nous ne mangeons plus que des aliments “au gout de pesticides et d’engrais chimiques”, nous ne pouvons qu’etre inquiets par l’evolution de cette campagne que nous decouvrons un peu plus chaque jour.

samedi 6 septembre 2008

The second visit seen by Gavin



We visited 4 villages during these days. It’s exciting that we use motor to go to the far villages. The 1st one is Yutang village. In this ID village, the leader told us the biogas had changed their hygienic conditions a lot. They can put the waste from animals into the biogas to make electricity. And they can save about 2000 RMB to buy coal and pay the bill of electricity.



The economic crops of this village are tobacco and vegetable especially cabbages. The peasants plant the vegetables at the beginning of spring because the good weather where other places do not have at that time. Then rent trucks to transport them to Shuicheng and Guiyang city to sell. The difficult is the price of fertilizer is very high.


The 2nd village, Dengjia Ying village, is located at the wide slope of a mountain. The economic crop is just tobacco and peasants plant corn and potato for their food and animals’ food. The road to the village is not very good although there is a railway going through the village (without station).


The 3rd one is Fanjia Tian village. There are 2 man-made lakes above this village. So they have enough water for planting crops. They have the same crops like the other villages. But we got a good news that several peasants in this village plant vegetables all the year. They do not plant corn and potato because they don’t have animals. They plant different kinds of cabbage to sell in the nearby markets. The problem is that the vegetables always have big roots.

The last one is called Zhongzhai village. It’s the farthest one we have been. The peasants not only sell tobacco but also sell a lot of walnuts. There are more walnut trees than any other villages in this place. The government helps the families to build reservoirs for drinking and farming. The biggest problem here is the road. Some of the families bring the tobacco from home to the gathering station by foot. And there is just one road for cars from Niupeng town to here.
After the investigation from these days, I find that the peasants here in the villages really want to improve there life. The young people would like to go to the cities to make money. So the older parents left home to look after their lands. For they didn’t have a good education during their generation, to accept a new way of farming is difficult to them. They don’t know where to get seeds, which one is suit for the soil of their land and how to take care of a new plant. In my opinion, these peasants need some training about technical knowledge and helps for the beginning of a new crop planting, such as financial help.



I think the market could be the second important thing. Most of the peasants don’t plant too much villages and fruit or any other new crops because they always worry about that they can not sell their products. There is barely a big market and a regular purchaser nearby the villages. I think it one of the reason that peasant jut plant corn and potato for themselves and tobacco for money. So I think it is very important to find ways to solve the problems what the peasants are all worrying about.



Our trip is continuing. Wait for my news.

mercredi 3 septembre 2008

Notre projet avec ID

Lors de notre sejour en Chine, nous realisons deux projets en parallele. Celui du “Retour a la terre”, et un projet pour ID (Initiative Developpement, ONG francaise). ID nous a demande d’effectuer un diagnostic agraire a Niupeng. Nous devons faire un bilan sur leur agriculture : leurs cultures, leurs pratiques agricoles, leurs revenus, leurs conditions de vie, leurs ventes…et bien d’autres choses.

Depuis une semaine, nous partons a la rencontre de paysans des villages alentours. A pied, sillonants tous les 3 les chemins escarpes, ou tous les 3 juches sur une bien brave moto chinoise. Les routes sont absolument mauvaises, boue, caillasses, rochers meme, pente vertigineuse. C’est toujours Bertrand qui conduit, Sophie, vaut mieux pas et Gavin n’en parlons pas…


Bref.

Le paysage agricole est tres particulier, toutes ces collines sont tapissees d’une multitude de champs aux formes les plus innatendues, et aux endroits les plus improbables. (photo)Les champs sont de petites tailles (environ 1 mou, 1/6 d’ha) et sont exclusivement des champs de pommes de terre, mais et tabac.


Nous n’allons pas vous decrire ici tous les details de l’agriculture a Niupeng et de nos enquetes, mais nous pouvons vous faire partager quelques une de nos rencontres.

Notre travail a commence avec la rencontre d’une vieille dame, agee de 81 ans qui fait vivre sous le toit de sa maison en terre 5 familles.
Elle a, comme dans la tradition chinoise, de tous petits pieds confines dans un costume Miao (l’ethnie a laquelle elle appartient).
Ces paysans cultivent du tabac, parce que c’est ce qui rapporte le plus d’argent, des patates et du mais pour la consommation personnelle et animale. Dans ces montagnes il n’y a plus assez d’eau pour faire du riz (culture encore courante il y a 10 ans)… rechauffement climatique ?...
Cette vieille dame nous raconte que plusieurs de ses fils sont partis a la ville, chercher de l’argent, pour payer l’engrais chimique et les reparations de la maison. C’est un cas assez typique dans la region. Chaque annee les engrais sont un peu plus chers. On peut se demander combien de temps ils pourront continuer comme ca, si le prix du baril du petrole continue d’augmenter.

ID a monte un projet de biogaz dans la region. Le biogaz consiste a recuperer les dechets vegetaux et surtout animaux dans un grand reservoir qui après fermentation produit du methane qui alimente ampoule et gaziniere. Cette technologie, leur permet d’utiliser les dechets agricoles, d’acheter moins de charbon et d’investir l’argent economise dans les engrais.

Apres plusieurs rencontres de paysans beneficiaries ou non d’ID, notre premier sentiment a ete de penser que tout etait pareil dans la region. Meme cultures, meme pratiques agricoles, meme revenus… Pourtant en fouillant bien, les differences sont apparues peu a peu.
Presque tous les paysans cultivent du mais (avec presque toujours une culture associee entre les rangs, courge, pommes de terre, haricots…) et des pommes de terre. La difference se fait sur la culture de rente. Ceux qui le peuvent produisent en plus du tabac (le plus courant), des legumes ou des arbres fruitiers. Ce choix depend de l’eloignement du village par rapport a Niupeng et par rapport a l’etat de la route.

Nous avons malheureusement rencontre une famille qui ne pouvait faire que des patates, du mais et quelques legumes. Le chef de famille nous explique que ses terres ne sont pas assez bonnes pour cultiver du tabac. La vie est difficile. Ils ne peuvent meme pas acheter du sel ou des habits. La maison etait d’ailleurs particulierement sale. Comme pour la vieille dame, ses enfants ont du partir chercher de l’argent en ville. Quand on lui a demande s’il prefererait partir en ville, il a tout de suite repondu oui, mais que c’etait impossible parce qu’il ne trouverait pas de travail. Par contre il voudrait rester chez lui si les conditions de vie de la campagne etaient aussi bonnes qu’en ville.

Nous avons trouve que meme si la vie semble difficile, ils n’ont pas l’air malheureux. Ils ont tous assez de terre pour manger, ce qui n’est pas le cas de tous les paysans des pays en developpement.

La vie a Niupeng




Niupeng est une ville de 37 000 habitants, situee dans le district du Weining, dans la province du Guizhou au sud-ouest de la Chine.
Elle est situee au creux d’une vallee a 2000 m d’altitude. Nous sommes encercles par une multitude de collines, toutes identiques, emboitees a perte de vue les unes dans les autres.




La ville est construite toute en longueur, de part et d’autre de la route principale “Niupeng road”. La ville s’agrandit a vu d’oeil puisque de nouveaux batiments se construisent chaque jour. Des echafaudages en bois et des tas de briques rouges decorent tous les chemins, ce qui ne facilite pas les deplacements puisqu’il faut deja slalomer entre les chiens errants, les flaques de boue et les nombreux chinois.

La vie a Niupeng nous permet de bien cerner le mode de vie chinois : les gens crachent, reniflent, rotent, mangent bruyamment (soyons honnete, mangent comme des gros sales). Au restaurant, le probleme c’est meme pas qu’il n’y a pas d’assiette pour laisser ces dechets, c’est qu’il faut les jeter par terre (en crachant de preference). Dans la rue c’est la meme chose, inutile de chercher des poubelles, c’est tellement plus simple de tout jeter par terre. En tant que groupies de Nicolas Hulot, nous sommes tous les deux incapables de laisser nos sachets plastiques dans la riviere.

Et si on reparlait des toilettes....
y a-t-il quelque chose a ajouter ?

Cette photo est trompeuse, nous mangeons tres bien. Certes un peu gras, tout est frit et baigne dans l’huile. C’est peut etre pour ca que c’est bon ? D’ailleurs au debut on se delectait de ces plats, mais du riz a l’huile a tous les repas c’est dur. Il existe des pates, mais meme la c’est pas gagne parce qe ce sont des pates faites avec du riz. Pour le petit dej’, la c’est dur d’en parler, les larmes nous montent aux yeux, ou etes vous pain, jus d’orange et nutella ? En vrai, les chinois on une sale habitude, mager des nouille avec de la viande et du piment au petit dej. Autant vous dire qu’on prend pas beaucoup de petit dej.

Puisque nous parlons manger, il faut que vous connaissiez l’existence d’oeufs de couleur, comment dire…. Grise, emballe sous vide depuis …. Comment dire…. Tres voire trop longtemps, et qui ont aucun gout. Bertrand s’est aventure a la decouverte de cette saveur unique et son estomac ne s’en est toujours pas remis (cf photo precedent).



Ah oui, encore quelque chose de tres etrange, les chinois s’arretent pour nous regarder. Certains peuvent rester pendant plusieurs minutes, d’autres viennent s’installer a notre table sans dire un mot.



On se defoule beaucoup sur le mode de vie chinois, mais c’est juste parce que ca soulage quand on est loin et qu’on est en manque de chocolat.
Sinon tout le monde est adorable, tres accueillant et surtout tres gentil.

Pour parler plus serieusement, on ressent meme a Niupeng que la vie en Chine suit des lois tres strictes que personne ne semble enfreindre. Nous avons du etre recenses a Weining, la ville la plus importante du district. On nous a interroge sur les raisons de notre sejour et nous avons du mentir sur les raisons de notre venue. Pas question de dire que nous travaillons pour ID, cette ONG francaise n’est pas vu d’un tres bon oeil a Weining. Heureusement a Niupeng, les autorites reconnaissent et encouragent l’aide francaise.

Nous en avons quand meme profite pour avoir un apercu de Weining. Deux, trois trucs rigolos, les poubelles existent dans cette ville et sont en forme de champignons ou de ballon de foot, les eboueurs ramassent ces poubelles tous les matins et soirs accompagnes d’une douce melodie. La musique la plus appropriee qu’ils aient trouve est “happy birthday to you” sans paroles mais en boucle. C’est deux fois par jour ton anniversaire a Weining.

En y repensant nous avons oublie une autre anecdote qui nous a valu un beau fou rire. Le leader du gouvernement, en nous emmenant a Weining dans son gros 4*4, a ete vistime d’un drame. Son klaxon est tombe en panne. Vous ne devez surement pas vous rendre compte, oh vous pauvres francais, combien un klaxon est important en Chine. Ils klaxonnent les chiens, les autres voitures, les gens, mais aussi parfois… euh… la route ! Inutile de vous dire qu’il etait impossible de continuer. Heureusemen, un 4*4 de police a ete depeche en urgence pour nous escorter, mais surtout remplacer notre klaxon.

Pour ceux qui sont arrives jusqu’au bout de notre article (salut papa, salut maman), bravo ! et a bientot pour de nouvelles aventures…


PS : si vous voulez en savoir un peu plus sur notre travail avec les paysans, aller voir l’article “notre projet pour ID”