Les plus grands fans d'entre vous qui suivent nos aventures et ont lu tous nos articles (salut P'pa, salut M'man) doivent etre inquiets : "Et le projet Retour a la terre alors, ils ont arrete ?"
Que nenni. Never of the life !!!
D'ailleurs, cet article est justement consacre a ce theme, quelle coincidence !!! Les choses sont bien faites quand meme...
Il est vrai que le sujet fut particulierement interessant a Niupeng, et nous pourrions meme dire deroutant. Tellement different de ce a quoi on s'attendait. Mais comprenons d'abord la situation de ces paysans avant d'aborder leur rapport a la terre...
En Chine, les terres agricoles ont ete redistribuees suite a la reforme du systeme collectif de 1984. La surface a ete repartie de maniere a ce que chacun puisse en tirer un revenu suffisant en tenant compte de la qualite des terres, du nombre d'habitants et des activites extra agricoles des villages. La terre est transmise ensuite de generation en generation dans la meme famille. En effet, il est interdit de la vendre. Le seul moyen d'en acquerir est alors de la louer. C'est pourquoi, personne ne s'installe hors cadre familiale.
A Niupeng, on est agriculteur de pere en fils. Ce metier est donc bien souvent une evidence. Quand on leur demandait s'ils aimaient leur metier, la question leur semblait etrange voire incomprhensible. Ils sont agriculteurs, c'est tout. Ils ne se sont jamais demandes pourquoi.
A notre arrivee, nous pensions que leur lien physique tres fort a la terre (ils cultivent a la main, l'agriculture est une tradition familiale...) aurait une influence sur leur lien biologique, philosophique et donc sur leurs pratiques agricoles.
Et bien, notre premier constat nous a un peu attriste. En effet, pour l'immense majorite d'entre eux, 70% selon la responsable agriculture du gouvernement de Niupeng, la terre n'est qu'un outil pour vivre, pour gagner de l'argent. On nous a repete et rerepete que les choix culturaux etaient avant tout economiques. Voila pourquoi des qu'ils le peuvent, ils font du tabac, culture de loin la plus rentable. Tres peu, voir aucun n'est passionne par son travail.
En plus de cette indifference envers leur metier, il y en a une aussi envers leur environnement. Tres peu nous ont parle de leur attachement a leur montagne. Ils ont par contre les yeux qui petillent lorsqu'on leur parle de la ville.
Nous nous sommes alors tournes vers les traditions, esperant trouver d'anciennes philosophies liees a la terre. Mais les paysans, meme ceux appartenant aux differentes ethnies (Miao, Yi...) n'utilisent plus aucune tradition agricole. L'un d'entre eux nous dit : "maintenant, on croit en la science".
Pourtant, nous avons ete tres surpris par leurs connaissances biologiques sur la terre et sur l'agriculture en general. Nous nous attendions a des savoirs ancestraux conserves consciencieusement a travers les generations permettant de tirer profit d'une terre enrichie de maniere durable... Mais au contraire, sans se poser de question, ils suivent desormais les instructions sur les sacs d'engrais ou imitent leur voisins sans savoir qu'ils appauvrissent les sols.
Cette meconnaissance biologique est certainement responsable de leurs pratiques agricoles douteuses... Pourtant, beaucoup d'entre eux se rendent bien compte que le sol s'appauvrit, avouent que les recoltes ont moins de gouts, mais ne font rien en consequences. Le manque de connaissances de l'agriculture moderne ne suffit pas a expliquer leurs choix culturaux peu respectueux de l'environnement. Vient alors le detachement affectif vis a vis de la terre... En effet, la plupart d'entre eux pensent au profit immediat de ces techniques avant de penser a la terre qu'ils transmettront a leurs enfants.
Nous avons quand meme rencontre quelques paysans plus attaches a leur terre. L'un d'entre eux preferait bien sa montagne a la ville "Les bruits de la ville vous tueront", mais meme celui-ci avouait avoir des pratiques destructrices. Et c'est bien la le plus triste, meme quand la volonte est la, les engrais chimiques sont devenus indispensables. Sans eux, la famille n'a plus de quoi se nourrir.
Nous sommes venus en Chine a la recherche d'une vision de la terre toute nouvelle. Nous pensions trouver des gens pour qui la terre etait tout et au contraire nous avons rencontres des paysans prets a la quitter des que possible.
Nous retiendrons de notre sejour a Niupeng que, meme lorsque les paysans touchent, sentent la terre chaque jour, sous leurs pieds et dans leurs mains, meme lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne vivent que grace a elle, ce seul lien physique ne suffit pas a des pratiques agricoles responsables et durables.
Alors qu'en France beaucoup de gens parlent d'un retour a la terre, nous assistons a Niupeng a une fuite de la terre...
Que nenni. Never of the life !!!
D'ailleurs, cet article est justement consacre a ce theme, quelle coincidence !!! Les choses sont bien faites quand meme...
Il est vrai que le sujet fut particulierement interessant a Niupeng, et nous pourrions meme dire deroutant. Tellement different de ce a quoi on s'attendait. Mais comprenons d'abord la situation de ces paysans avant d'aborder leur rapport a la terre...
En Chine, les terres agricoles ont ete redistribuees suite a la reforme du systeme collectif de 1984. La surface a ete repartie de maniere a ce que chacun puisse en tirer un revenu suffisant en tenant compte de la qualite des terres, du nombre d'habitants et des activites extra agricoles des villages. La terre est transmise ensuite de generation en generation dans la meme famille. En effet, il est interdit de la vendre. Le seul moyen d'en acquerir est alors de la louer. C'est pourquoi, personne ne s'installe hors cadre familiale.
A Niupeng, on est agriculteur de pere en fils. Ce metier est donc bien souvent une evidence. Quand on leur demandait s'ils aimaient leur metier, la question leur semblait etrange voire incomprhensible. Ils sont agriculteurs, c'est tout. Ils ne se sont jamais demandes pourquoi.
A notre arrivee, nous pensions que leur lien physique tres fort a la terre (ils cultivent a la main, l'agriculture est une tradition familiale...) aurait une influence sur leur lien biologique, philosophique et donc sur leurs pratiques agricoles.
Et bien, notre premier constat nous a un peu attriste. En effet, pour l'immense majorite d'entre eux, 70% selon la responsable agriculture du gouvernement de Niupeng, la terre n'est qu'un outil pour vivre, pour gagner de l'argent. On nous a repete et rerepete que les choix culturaux etaient avant tout economiques. Voila pourquoi des qu'ils le peuvent, ils font du tabac, culture de loin la plus rentable. Tres peu, voir aucun n'est passionne par son travail.
En plus de cette indifference envers leur metier, il y en a une aussi envers leur environnement. Tres peu nous ont parle de leur attachement a leur montagne. Ils ont par contre les yeux qui petillent lorsqu'on leur parle de la ville.
Nous nous sommes alors tournes vers les traditions, esperant trouver d'anciennes philosophies liees a la terre. Mais les paysans, meme ceux appartenant aux differentes ethnies (Miao, Yi...) n'utilisent plus aucune tradition agricole. L'un d'entre eux nous dit : "maintenant, on croit en la science".
Pourtant, nous avons ete tres surpris par leurs connaissances biologiques sur la terre et sur l'agriculture en general. Nous nous attendions a des savoirs ancestraux conserves consciencieusement a travers les generations permettant de tirer profit d'une terre enrichie de maniere durable... Mais au contraire, sans se poser de question, ils suivent desormais les instructions sur les sacs d'engrais ou imitent leur voisins sans savoir qu'ils appauvrissent les sols.
Cette meconnaissance biologique est certainement responsable de leurs pratiques agricoles douteuses... Pourtant, beaucoup d'entre eux se rendent bien compte que le sol s'appauvrit, avouent que les recoltes ont moins de gouts, mais ne font rien en consequences. Le manque de connaissances de l'agriculture moderne ne suffit pas a expliquer leurs choix culturaux peu respectueux de l'environnement. Vient alors le detachement affectif vis a vis de la terre... En effet, la plupart d'entre eux pensent au profit immediat de ces techniques avant de penser a la terre qu'ils transmettront a leurs enfants.
Nous avons quand meme rencontre quelques paysans plus attaches a leur terre. L'un d'entre eux preferait bien sa montagne a la ville "Les bruits de la ville vous tueront", mais meme celui-ci avouait avoir des pratiques destructrices. Et c'est bien la le plus triste, meme quand la volonte est la, les engrais chimiques sont devenus indispensables. Sans eux, la famille n'a plus de quoi se nourrir.
Nous sommes venus en Chine a la recherche d'une vision de la terre toute nouvelle. Nous pensions trouver des gens pour qui la terre etait tout et au contraire nous avons rencontres des paysans prets a la quitter des que possible.
Nous retiendrons de notre sejour a Niupeng que, meme lorsque les paysans touchent, sentent la terre chaque jour, sous leurs pieds et dans leurs mains, meme lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne vivent que grace a elle, ce seul lien physique ne suffit pas a des pratiques agricoles responsables et durables.
Alors qu'en France beaucoup de gens parlent d'un retour a la terre, nous assistons a Niupeng a une fuite de la terre...